30 avril 2018

Y aura t-il un film à la fin de mon atelier ?

En 19 ans de métier, il ne m’est encore jamais arrivé de ne pas pouvoir livrer en fin d’atelier le film commandité. Si la qualité obtenu est parfois variable, car elle dépend fortement de l’inspiration du moment, du sujet et aussi de l’engagement et de la créativité des participants, tous mes ateliers se sont toujours achevés avec la livraison de leur film. Ma détermination est toujours totale pour faire aboutir chaque nouveau projet et faire en sorte que cela devienne un film.

Pourtant, il arrive que cela se présente de façon plus complexe. Ici, j’aimerai vous faire part de ma démarche auprès de deux classes de 3ème du Collège Privé Saint Pie X de Domont dans le 95 (Apprentis d'Auteuil) avec qui j’ai tourné deux nouveaux films en animation. Une bonne partie de ces jeunes rencontre des difficultés scolaires importante et n’accepte pas facilement l’autorité.

Je ne vous cache pas que ma méthode de travail et ma patience ont été mise à rude épreuve et alors que nous arrivions à la dernière semaine d’intervention je n’étais pas certains que nous arriverions à finaliser les films !

Le projet a été réparti sur quatre fois une semaine réparti sur un trimestre. Ma première semaine d’intervention m'a permis de me rendre compte de la difficulté de ce challenge. Si les jeunes ont pu s’impliquer de façon individuelle en fonction de leur envie du moment, le projet souffrait à ce stade d’une dynamique de groupe. Ne réussissant pas à faire abstraction de leurs différents, leur énergie est plus employée à s’affronter qu’à coopérer. Et les adolescents ne manquent pas d’énergie !  Leurs joutes verbales voire physiques minent la dynamique de groupe et impact leur rendement.

Pour faire avancer un projet collectif il faut aller dans la même direction dans un état d’esprit de coopération et mettre évidement de côté toute lutte interne. Du coup, avant de pouvoir entrer en phase de production, il a fallut négocier la mise en place d’un cadre de vie qui permette d’écrire le scénario, de créer les personnages et les décors, c’est à dire faire admettre aux élèves que sans respect de leurs camarades, sans respect de leur travail et de celui des autres, sans respect du matériel et des fournitures rien ne sera possible.

Jour après jour, malgré les rixes et les quolibets, le projet avance doucement mais avance tout de même. Et quand vient le moment de visionner les images tournées, on voit clairement que leur production leur plaît. Le travail fourni est même de qualité  mais à ce rythme, je me demande si nous arriverons à finir à temps.

Car la motivation de groupe doit être particulièrement élevée pour venir à bout d’un film. En cinéma d’animation tout, absolument tout est créer de toute pièce. Le projet démarre d’une page blanche et chaque personnage, chaque décors, chaque dialogue, chaque bruitage doit être créer de toute pièce.

Alors pour réussir à finaliser ces deux films, il nous a fallut ne rien lâcher avec l’équipe pédagogique et l’équipe administrative. Il m’a fallut inventer avec les enseignants de nouvelles approches, dans le but de motiver les jeunes et les mettre en mode coopératif. Et ainsi, image après image, plan après plan, dialogue après dialogue, nous avons pu offrir à ces jeunes un climat de travail propice à finaliser leurs deux films.

Je vous laisse ici découvrir le résultat.

Merci pour votre attention et à bientôt pour de nouvelles aventures animées

Stéphane